Les TP AGORA rencontrent la photo-journaliste Natalya Saprunova à Visa pour l’image
Nous avons rencontré Natalya Saprunova lors de notre sortie à Visa pour l’image à Perpignan le 22 septembre 2023. Nous avons d’abord étudié en classe son photoreportage «Evenks, les gardiens des richesses yakoutes ». Les Evenks sont un peuple vivant en Yakoutie dans le nord est de la Sibérie. C'est une région très étendue, près de trois millions de km2, et très peu peuplée (70.000 habitants) en raison de ses conditions climatiques extrêmes.
Natalya Saprunova est née en Russie mais elle est arrivée en France il y a 15 ans car elle voulait être photojournaliste ici afin d’avoir plus de liberté. Titulaire d’un titre de séjour étudiant, elle a commencé par faire des études pour être professeure de français puis a arrêté pour continuer avec des études de marketing pendant 8 ans. Cela ne lui plaisait pas vraiment mais c’était pour avoir une stabilité financière. Quand elle a obtenu ses papiers français, elle s’est remise à la photo. Elle a fini par être repérée par un journaliste et travaille aujourd’hui pour l’agence Zeppelin. Elle choisit ses sujets selon « ce qui l’anime ».
Natalya a très mal vécu le confinement devant rester enfermée chez elle, mais cela ne l’a pas empêché de prendre des photos. La guerre russo-ukrainienne l’a bloquée un temps dans son travail, mais cela ne l’empêche pas de faire ce qu’elle aime : photographier.
Elle a décidé de partir en Yakoutie pendant près d’un an : 6 mois en hiver et 2 mois en printemps et en été pour découvrir le peuple des Evenks. Ce peuple subit les conséquences du réchauffement climatique avec la fonte des glaces mais aussi la déforestation et la pollution à cause de l’exploitation diamantaire et aurifère. Or ce sont les Evenks qui ont permis aux industriels russes d’exploiter ces ressources sur leur territoire , ce qu’ils regrettent beaucoup. De plus, étant un peuple éleveur de rennes, il s’inquiète pour son avenir car les rennes disparaissent à cause de toutes ces raisons et, avec eux, le mode de vie des Evenks.
Natalya Saprunova ne connaissait pas du tout ce peuple : il lui a fallu gagner sa confiance. Certains pensaient qu’elle était une espionne française, il y avait aussi la barrière de la langue car ils ne parlent pas tous le russe. Ils avaient aussi peur d’être pris en photo et que cela cause leur mort ou celle de leurs rennes. Elle a rencontré des hommes, des femmes, des enfants, des familles et même des chamanes avec lesquels elle a pû assister à des cérémonies. L’un d’entre eux l’a même soignée suite à une blessure.
D’origine evenke, Edouard dit avoir des dons chamaniques. Ici, à Oymyakon, il demande aux esprits de préserver le froid et les anticyclones de Yakoutie qui régulent les températures de la planète
Malgré des conditions climatiques extrêmes (des différences de température de près de 90 ° entre l’extérieur et l’intérieur !), la photojournaliste a tissé des liens très forts avec les Evenks et elle nous a confié qu’elle se sentait triste et impuissante face à ce qu’il leur arrive.
A la fin de la rencontre, Natalya nous a annoncé qu’elle était restée en contact avec Galina, une Evenk que l’on voit plusieurs fois dans son exposition et qu’elle retournera en Yakoutie en mars pour son 81ème anniversaire. Pour l’instant, elle travaille sur un autre peuple autochtone éleveur de rennes : les Samis. C’est pourquoi elle part en Finlande puis elle ira rencontrer les Inuits dans le Grand Nord.
Nous avons vraiment apprécié cette rencontre qui a été très intéressante et impressionnante. Nous avons été touché.es par cette jeune photojournaliste qui a répondu à toutes nos questions avec simplicité et sincérité. Natalya Saprunova est une femme très courageuse qui veut aider les gens et montrer au monde entier ce qu’il se passe dans des régions très reculées et méconnues. Grâce à son travail, nous avons découvert un peuple atypique avec une culture et un mode de vie totalement différents des nôtres.
Les élèves de TPAGORA et leur professeure de Lettres-Histoire, Mme Chomette.